liberté individuelle et société. Max stirner

Publié le par Ken



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Relativement à l'individualité, la différence entre État et association est considérable : celui-là en est l'ennemi, le meurtrier, celle-ci en est la fille et l'auxiliaire. L'un est un esprit qui exige notre adoration en esprit et en vérité ; l'autre est mon oeuvre, ma création. L'État est le maître de mon esprit, il requiert ma foi et m'impose un article de foi, le credo de la légalité. Il exerce sur moi une influence morale, domine mon esprit, me dépossède de mon Moi pour se substituer à lui en tant que mon véritable moi. Bref l'État est sacré et, par rapport à moi, l'individu, il est l'homme véritable, l'esprit, le fantôme.


L'association, au contraire, est ma création propre, ma créature. Elle n'est pas sacrée. Elle ne s'impose pas comme une puissance spirituelle supérieure à mon esprit. Je ne veux pas être l'esclave de mes maximes, mais bien plutôt les soumettre à ma critique constante. Je ne leur accorde aucun droit de cité chez moi. Je veux encore moins m'engager pour tout mon avenir dans l'association, lui "vendre mon âme", comme dirait le diable, et comme c'est réellement le cas quand il s'agit de l'État ou de toute autre autorité spirituelle. Je suis et resterai toujours vis-à-vis de moi-même plus que l'État, que l'Église, que Dieu, etc. et donc, infiniment plus, aussi, que l'association.


On me dit que je dois être un homme parmi mes semblables (Marx, La Question juive, page 60). Je dois respecter en eux mes semblables. Personne n'est pour moi respectable, pas même mon semblable. Il est uniquement, comme d'autres êtres, un objet auquel je m'intéresse ou ne m'intéresse pas, un sujet utilisable ou inutilisable.


S'il peut m'être utile, je vais, bien sûr, m'entendre et m'associer avec lui, afin de renforcer mon pouvoir et, à l'aide de notre force commune, accomplir davantage que ne le pourrait chacun de nous isolément. Je ne vois rien d'autre dans cette communauté qu'une multiplication de ma force et je n'y consens qu'aussi longtemps que cette multiplication produira ses effets. C'est alors qu'il y a association.


L'association n'est maintenue par aucun lien naturel ou spirituel, et elle n'est pas une alliance naturelle, une alliance spirituelle. Elle n'a son origine ni dans une consanguinité, ni dans une foi commune. Dans une alliance naturelle, telle que la famille, la tribu, la nation, voire l'humanité, les individus n'ont de valeur que comme spécimens d'un même genre ou d'une même espèce. Dans une alliance spirituelle, communauté religieuse ou Église, l'individu n'est qu'un membre régi par l'esprit commun. Dans les deux cas, ce que tu représentes comme Unique doit être étouffé. Comme individu unique, tu peux t'affirmer seulement dans l'association parce que l'association ne te possède pas, parce que c'est toi qui la possèdes ou qui l'utilises à ton profit.

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Max STIRNER in "l'Unique et sa propriété".


Publié dans cerbo

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J
Oui, mais aujourd'hui, en France du moins, l'association (nous sommes champions en la matière) semble se créer sous l'égide ou au service d'une cause, d'une grande idée abstraite.<br /> C'est le problème avec les mots dont l'usage évolue.<br /> L'idée de Stirner, c'est que l'association n'existe que si des désirs individuels peuvent se rencontrer et se soutenir.
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